Les brêves de comptoir...

Publié le 19 Novembre 2013

Les brêves de comptoir...

Les cafés suspendus…

La solidarité aux portes de votre café de quartier.

Un beau geste, facile et à la porté de votre coude, nous est arrivé d’Italie (Naples), de Belgique, de France, et enfin, la capitale mondiale, Bordeaux !

Il était temps, « les cafés suspendus » débarquent sur Bordeaux et nos troquets, et si vous ne savez pas encore ce que sont ces suspensions caféinés, ne boudez pas votre orgueil, je l ai appris il y a peu de temps.

Vous entrez dans votre bar/café préféré, accompagné par une silhouette de rêve et un esprit vif (tant qu’à faire…), le serveur s’approche de vous, vous comprenez qu’il souhaite prendre votre commande (ou votre accompagnant(e)), et là d’une parole bien ajustée, vous déclamez :

  • « 3 cafés s il vous plait dont 1 suspendu ! »…

Mr votre serveur vous apportera deux tasses et notera un café suspendu. Quand une personne démunie se présentera à son comptoir en demandant s’il y a des cafés suspendus, notre bien aimé serveur lui donnera celui que vous aviez commandé en plus. Une action qui ne peut être mise en œuvre que dans les établissements qui le proposent bien sur, et Bordeaux n’est pas encore un vivier de générosité.

Chez Fred, 20 place du palais, a été le premier à se lancer dans cette aventure, en espérant que beaucoup d’autres suivront, je vous suggère, si vous appréciez le concept, à le demander dans vos troquets habituels.

Et désormais, la baguette suspendue, tatataaaaa !!!!

La boulangerie du 5, rue de la Cour-des-Aides derrière l’église Saint-Pierre, fondée en 1810, est sans doute l’une des plus anciennes de Bordeaux. Rebaptisée À La Recherche du pain perdu, Noël Capron souhaitait renouveler le beau concept du « partage du pain ».

Même principe que les cafés suspendus pour ces baguettes payées d’avance pour ceux qui le peuvent et à offrir à ceux qui ne le peuvent plus.

Au-delà et malgré les quelques controverses qui prétendent que cette solidarité ne serait pas LA solution contre la crise, nous souhaitions évoquer ces « suspensions » solidaires et faciles à mettre en œuvre au quotidien.

La crise nationale ne s’étiolera pas grâce à ces « petits » gestes mais l’esprit solidaire des bordelais peut réchauffer la gorge et nourrir le ventre de ses concitoyens.

Pensez-y, suspensions caféinés et baguettes à offrir, amortissez votre solidarité !

Le Bordelais ….De la rue à la vitrine…

Bordeaux, citadine et dynamique, internationale et nonchalante… Les slogans touristiques sont nombreux et emphatiques, notre réalité n’est pas si lointaine. J ai travaillé en aéroportuaire, hall national et international, et mon sourcil s’est élevé quand mes clients n avaient de cesse que de me demander si j’étais bordelaise… Pourquoi donc me posait-on cette question ? J ai donc entrepris de comprendre, et d’entendre les avis des hexagonaux. Pas besoin de tergiverser de plus, j’étais ouverte et sympathique, souriante et attentive, l inverse de l image du Bordelais type. Je suis bordelaise de naissance, bien qu’ayant toujours vécu dans notre banlieue CUB, je me sens bordelaise, attachée à ma région, fière de nos richesses…. Et j avoue sans fausse pudeur que l unanimité de ses touristes m a surprise et piquée au vif.

Je ne suis pas dupe… Comme vous, je connais les paradoxes qui façonnent nos congénères. Bordeaux a un passif riche, un noyau de bourgeoisie avec une chair à maturité de grenouille de bénitier. Et un peu plus loin des parvis, grouillant d accents et férus de ballon (du rouge aux girondins), une autre classe sociale nourrie bordeaux de chaleur et de simplicité.

Un polo à crocodile contre un bleu de travail ? Trop manichéen pour en faire l apologie…Mais la classe sociale (l’éducation) interfère forcement sur l ouverture d esprit et soyons clair, le bordelais qui passe ses weekend au Cap Ferret (attention, à prononcer avec un « è » dégoulinant et hautain) n a que faire de celui qui organise la sortie familiale et dominicale à l’océan. Arrimant sa « marmaille » au break familial, il passe devant les résidences secondaires où nulle âme n a garé de 4X4 Mercédès depuis des mois. Les rêves des uns font l ignorance des autres.

Ce grand écart a toujours existé, et si notre souplesse est mise a rude épreuve, elle a pour mérite de mettre en exergue nos différences. Les lieux festifs cristallisent bien cette disparité… du bar de comptoir où la « débauche » (terme spécifique à notre région et qui suscite un large dégagement dentaire « dans le reste de la France ») signifie convivialité ou désarroi, coude rougi à force de le lever, expressions

argotiques en guise de joute verbale… Lieux de rencontres où les Hommes cachent avec pudeur un besoin de parler de tout sauf de ce qui les ronge, envie de solidarité sans même avoir à la demander. Les bars de quartiers sont jonchés de « grandes gueules » à abreuver et de sourires éteints à nourrir.

Quant à la faune éclectique des boites bordelaises, celle qui « rumine » la blanche aux toilettes, et qui se font dans le noir pour expier leur labeur du jour, elle porte aussi en berne les couleurs de la solitude. Besoin de la combler en soudoyant leur taux d alcoolémie à la force de chacune des tournées, envie de paraître et d accéder à un nouveau scénario de drague à chaque tombée de lune. Tant de choses à avouer et si peu de parole à prononcer, la musique clos le débat, on ne souhaite pas communiquer, juste se dépressuriser…

J ai vécu les deux mondes et n en fais pas une guerre, je garde encore en moi l idée que chacune des facettes des bordelais pourraient me surprendre, qu’un quadragénaire de la Villa Tourny évoque les tourments des habitants de Lormont et qu’un chasseur médocain me raconte sa folle soirée au Carré… Vous êtes dubitatif ? Je reste naïve !

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article